Entendons-nous
bien, celle dont je vais parler à présent n'était pas la première
copine. Avant ça, il y a eu l'adolescence, les flirts à l'école, en
vacances, en boîte, le passage du flirt à plus sérieux et de plus
sérieux à encore plus sérieux soit la "découverte de la vie".
Non, D. était la première pour laquelle mon coeur et mon esprit se sont
vraiment emballés en même temps. Celle qui a hanté une grande partie de
mes pensées avant, pendant et après. D. a été mon vrai (seul ?) premier
coup de foudre.
C'est amusant comme presque vingt après, je parviens à me remémorer de
cette première rencontre. Chaque détail me revient comme si c'était
hier et pas un jour de juillet il y a presque deux décenies à présent.
Je me revois encore arriver chez le copain où je l'ai rencontrée, on se
dit bonjour, on parle de tout, de rien pendant quelques secondes, puis
il me dit qu'il y a quelqu'un qu'il veut me présenter. On va vers sa
chambre, et je la vois, elle, assise sun le lit, dans son jogging noir,
ses cheveux bruns longs attachés en queue de cheval, son nez retroussé
plongé dans une bande dessinée. Elle lève la tête lorsque j'arrive, ses
yeux bleus me transpercent, son sourire, simple, me fout une claque
monstrueuse. J'ai l'impression d'être Obélix dans "Astérix
Légionnaire", putain surtout ne pas bafouiller. P., le copain, fait les
présentations. On cause bandes dessinées, elle aime, moi aussi, terrain
facile. J'apprends qu'elle est en fac, dans la même université que moi,
moi je suis dans les rangs des littéraires, elle plutôt des
scientifiques... qu'importe, même si les sciences me barbent, je veux
bien en entendre parler des heures pourvu que ce soit elle la
conférencière et que je sois son seul public.